Hey!!!
Quelques jours que j'avais disparu.... mais me re-voilà!!!!
Et avec, en prime, un de mes textes en une partie écrit il y a quelques mois (soyez indulgents!). Encore un retour dans le passé, mais c'est le dernier, promis!
N'hésitez pas, commentez, détaillez, expliquez.... j'attends vos commentaires!
(D'ailleurs, j'ai aussi des nouvelles en plusieurs parties, si vous voulez. Dites-moisi ça vous tente.)
FLASH-BACK
Le
surveillant posté près de la porte se tourna d’un geste sec, parcouru la salle
du regard et s’arrêta sur un adolescent aux cheveux carotte.
-Toi !
beugla-t-il en le pointant d’un doigt boudiné. Ton carnet.
Le garçon
soutint le regard de son supérieur avec une expression d’indifférence
évidente. Il ne bougea pas d’un pouce.
- Pour quoi
faire ?
La classe
d’étude éclata de rire, mais le jeune homme ne cilla pas. Le surveillant vira
au rouge.
- Je ne te
permets pas ! Tu es dans un lycée, pas dans une cours de récré avec tes
copains écervelés !
Elliot-car
c’était son nom- parcouru la salle hilare des yeux. Certains avaient encore des
cartes en main, d’autres mâchaient des chewings gums
sous le nez même de l’homme, des filles pouffaient de rire derrière
leurs portables, pourtant interdits dans les bâtiments.
- Dommage.
On aurait cru.
La classe ne
rit plus, se contentant d’attendre la réaction du responsable, en spectacle. Celui-ci bondit vers la table
d’Elliot, l’attrapa par le bras et le traina au bureau de la vie scolaire qui
jouxtait la salle d’études.
Mais
l’adolescent n’avait pas peur. Ce n’était pas la première fois qu’il se faisait
traiter de la sorte par un adulte. L’homme ouvrit la porte à la volée et
s’embusqua dans la pièce qui sentait le papier sorti de l’imprimante et la
peinture décrépie, comme surement tous les bureaux d’administration d’un lycée
que vous pourrez croiser. Il trébucha
quand le surveillant le lâcha, se rattrapa de justesse et frotta son bras
endolori par la poigne de ce dernier. Si c’aurait été sa première visite, il
aurait sans doute observé la salle avec attention, mais il n’avait plus besoin
de cela pour savoir que les fleurs sur le bureau étaient des tulipes, que les dessins
accrochés au mur pendaient, déchirés par le passage d’élèves avec des sacs à
dos, et que l’affiche entre-aperçue ce
matin ou on pouvait lire « attention aux surveillants » gisait
maintenant au fond d’une poubelle.
Annabeth, la surveillante sans doute la plus redoutée de
l’établissement, se dressa devant lui et le toisa avec mépris. Elle était
connue pour ses cris à déchirer les tympans de tout être normalement
constitué, mais surtout pour la rudesse
de ses punitions. Mais Elliot n’avait
pas peur. Il avait appris à ne craindre personne. Elle ouvrit la bouche –sans
doute pour lui crier une injure-, quand la porte grinça et s’ouvrit.
Les
personnes présentes tournèrent la tête vers le nouveau venu. C’était une fille.
Son sac à
main pendait sur son épaule nue, et elle tenait dans sa main un carnet de suivi
neuf. Elliot s’interrogea. Personne dans ce lycée n’avait de carnet neuf. Personne. Ils étaient soit déchirés, soit
couverts de traces de marqueurs, soit pliés dans des sens inimaginables. Ce fut le premier détail qui l’intrigua.
Ensuite, il
y eut son sourire, ses lèvres, jolie
touche cerise sur sa peau pale.
Ses cheveux
bonds-roux coulaient sur ses épaules tout aussi pâles et semblaient refléter la
lumière du monde entier.
Ses yeux
verts, d’un vrai vert émeraude, comme peu de gens en possèdent.
Une touche
d’eye-liner chocolat en soulignait la
beauté et la perfection de ses traits d’ange.
Elle portait une jupe en dentelle noire et un débardeur bleu à fines
bretelles sous une veste en cuir beige.
Or, il se trouvait que tous ces petits détails, Elliot les connaissaient
parfaitement, et pour cause : il avait vu ses yeux de tellement
près !! Mais même si son cœur en
était sûr, sa raison lui disait non. Il attendit.
«
C’est bien ici le bureau des surveillants ? »
Ceux-ci se
regardèrent entre eux d’un air consterné.
Tous les élèves du lycée étaient passés ici un jour ou l’autre. Mais cette fille, il ne l’avait jamais vue.
Elliot tripota la fermeture de sa veste. Le timbre de la voix ne faisait pourtant
aucun doute. Personne, à part elle, n’avait une voix pareille. Aussi légère,
aussi chantante. Il baissa les yeux. La vue de cette fille réveillait en lui
des souvenirs qu’il aurait voulu oublier.
5 ans plus tôt.
Etretat, petit havre de paix au milieu des
douleurs de ce monde. L’eau lèche les pierres lisses en chantant, les falaises
se jettent en à-pic dans la mer, formant des multitudes de formes qui font
rêver certains et en éblouissent d’autres. Le soleil se couche, il fera nuit
dans quelques minutes.
Au bord de l’eau, deux adolescents discutent à voix
basse. Une fille, dans l’ombre de la
pierre, est assise sur les galets, les jambes tendues vers l’océan. Elle relève
parfois la tête, rit ou lisses ses cheveux qui lui restent du plat de la main.
Elle évoque presque un pétale de rose, si belle et si fragile à la fois. Elle
semble sur le point de s’envoler. Car
cette fille est maigre, si maigre... si
chétive. Si malade. C’est sans doute pour ça que le garçon ne la quitte pas des
yeux. On sent qu’il a peur pour elle rien qu’à son regard. Il la couve des
yeux. Inconsciemment, il la protège. Ils se touchent presque. Une pile de
livres git entre eux. Ils se lisent des passages, commentent, rient, se
confient et attrapent une autre histoire. Parfois aussi ils se taisent. Mais
leurs silences ne sont jamais lourds, et ils sont très vite brisés. Outre leur
discussion, on sent une complicité entre eux. Ils pourraient compléter les
phrases de l’autre. Ils ne sont pas frères, ils ne sont pas sœurs. Ils sont amis,
ils se sont trouvés et ils ne se quittent plus. En les voyants comme ça, on
comprend que seule la mort pourra séparer ces deux-là. Ce n’est pas une simple
expression, la mort est plus proche d’eux qu’on pourrait l’imaginer. Elle ronge
la fille. Elle l’enlèvera bientôt. Le cancer du sang ne pardonne pas. C’est un
ami de la mort.
- Je m’en vais demain, fait la fille en
plissant le front d’un air soucieux, après un silence.
Le garçon pose une main sur son épaule et la
presse tendrement.
- Je sais. J’aimerai pouvoir te suivre.
- Il faudrait que tu sois sur le point de
mourir. Comme moi.
Il relève son menton et la force à le
regarder.
- Ne dis pas ça.
- C’est vrai. Ecoute Elliot, je préférerais
mourir ici avec toi, à regarder le soleil se coucher sur son lit d’eau, à
sentir ses rayons sur mon visage et
qu’on continue de parler, qu’on continue de lire, jusqu’à ce que j’arrête de
respirer. Je n’ai pas envie de mourir dans un hôpital. Je n’ai pas envie que
des gens sanglotent en attendant que je rende l’âme, moi, j’ai envie que la
dernière chose que j’entende, ce soit des rires. Tu es le seul qui peut
comprendre. Ne m’abandonne pas.
Le garçon repoussa un galet du bout du pied.
Il atterrit dans l’eau en projetant des éclaboussures, qui finirent avalées par
l’eau tout aussi vite. Il attendit. Il ne savait pas quoi dire. IL n’avait
jamais été doué pour consoler des gens.
- Je pourrais rester ici. On pourrait
s’enfuir...
- Stop, coupa Elliot. Pas question. S’il y a
une chance que tu te soignes, tu dois y aller. Fais-le pour moi.
La fille baissa la tête en retenant un
sanglot. Elle savait que si elle partait, elle ne le reverrait pas. Cette
perspective lui brisait le cœur.
- Elliot, je t’en prie. On dirait que tu
veux que je parte.
- C’est faux. Je veux que tu mettes toutes
les chances de ton côté.
- Tu penses qu’on peut encore parler de
chance dans mon cas ?
- La chance tournera pour toi. Fais-moi
confiance.
Au loin, on entendit un cri, le prénom de la
fille. Elle se leva précipitamment.
- Je dois y aller. On ne se reverra
peut-être plus jamais, Elliot.
L’adolescent pris sa main et y laissa un
baiser.
- Va, fit-il d’un ton sérieux. Ne t’en fait
pas. Je serais toujours avec toi.
La fille esquissa un sourire et dégagea
doucement sa main.
- Je te retrouverai, si je survis. On ne
peut pas empêcher le destin.
Elliot sourit en la regardant s’éloigner. Il
ne s’était jamais leurré. Leur relation était bien plus forte que de l’amitié.
La fille n’était pas revenue. Plusieurs
soirs après, le garçon était revenu sur la plage, bien qu’il sache qu’il ne la
retrouverait pas. Il avait presque senti sa présence.
Et puis, les jours se sont étalés,
transformés en semaines, en mois, en années. Il avait changé. Sa mère était
morte, son père violent, il s’était endurcit, et il avait arrêté de venir sur
la plage le soir.
Bien que ce fût difficile, il l’avait
oublié. Il avait lutté pour se séparer de son image, du souvenir trop fort et
trop tentant de son sourire. A force de se contredire, il avait été jusqu’à se
persuader qu’elle n’était qu’un rêve.
Pour lui, elle était morte.
Elliot
s’étrangla de surprise. Ses cheveux avaient poussés, son regard avait repris de
l’assurance, et son corps avait grandi. Mes ses yeux, oui, ses yeux étaient
pareils. Il ne faisait aucun doute que c’était elle.
- Emy...
Celle-ci le
regarda droit dans les yeux. Un sourire
joua sur ses lèvres et elle chuchota d’un ton presque moqueur :
- Je t’ai
retrouvé.
C'est très beau
RépondreSupprimerje ne sais pas ce que je peux dire d'autre
à part que je me sens nulle ;)
tu écris surtout des choses sur l'amour, la tristesse et la séparation, la mort, non ?
J'écris sur absolument tout! La mort, l'amitié, la musique, les mots, les mystères, les secrets, la pauvreté, la maladie, le bonheur....
RépondreSupprimerCe qui compte c'est que ça vous plaise autant que ça me plait! Et si ce n'est pas le cas, alors ça sera pour la prochaine fois...
ah bon....c'est parce que je trouve que tes deux textes traitent un peu du même sujet : l'amour, une disparition, la mort, la tristesse....
SupprimerC'est un très beau texte ! J'aime beaucoup l'écriture, douce et fluide, et l'idée surtout ! La dernière phrase est magnifique !
RépondreSupprimerJuste, je pense que là : "Si c’aurait été sa première visite, il aurait sans doute...", tu aurais dû mettre "Si c'avait été...", non ? Si je me trompe, désolée...
Voilà ! Salut ! ;-)
Je pense que si on a envie de lire la suite c'est que le texte est réussi .... Tu as réussi haut la main !!!!!
RépondreSupprimerJe confirme tout ce qu'on a pu dire, je pense qu'on aimerait tous une suite!! Un chef-d'oeuvre, le jour ou j'écrirais aussi bien, je pense que les poules auront des dents! En tout cas je suis impatiente de lire la suite en espérant qu'il y en ait une!!! Le texte sur la maldie m'a fait pensé à un autre livre: "Marina", en tout cas je te le conseil!
RépondreSupprimerTu écris extraordinairement bien. Le texte est émouvant et réellement beau.
RépondreSupprimerBravo !
Ce texte est rempli d'émotions et de poésie...c'est superbement bien écrit !
RépondreSupprimerJ'avais déjà lu ton chapitre du "Collège de la lune verte" dans Je Bouquine et je ne suis pas déçue:
ton texte est tout aussi habilement écrit!
Merci Ambre!! Ca fait plaisir de voir ici des gens qui m'ont déjà lue ;) et toi tu écris? tu as un blog?
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